Les substitutions sensorielles pour pallier les déficiences et lutter contre la perte d'autonomie

Big Sur

Lorsque la vue ou l'ouïe faiblissent avec l'âge, nos sens restants peuvent compenser ces pertes pour préserver notre autonomie. Les déficiences sensorielles, si fréquentes chez les seniors, apparaissent pourtant surmontables. En stimulant le toucher, l'odorat et le goût, des solutions existent pour réactiver nos perceptions émoussées. L'enjeu est de taille, car ces handicaps sensoriels peuvent rapidement mener à l'isolement et compromettre les gestes du quotidien. Heureusement, aménagements et aides techniques s'avèrent efficaces pour décupler nos sens restants. Avec créativité, nos facultés déclinantes semblent pouvoir se révéler par d'astucieuses substitutions. Le maintien de notre indépendance passe par cette stimulation multisensorielle.

Les déficiences sensorielles chez les personnes âgées

La perte de stimulation cognitive

Avec le vieillissement, la perte des capacités sensorielles telles que la vue et l'ouïe entraîne un déficit de la stimulation cognitive. En effet, les personnes âgées reçoivent moins d'informations visuelles et auditives de leur environnement, ce qui réduit les sollicitations de leur cerveau. Cela peut accélérer le déclin cognitif et renforcer l'isolement social.

Le déficit de la vision

Le déficit visuel est très fréquent chez les seniors, notamment à cause de maladies oculaires comme la dégénérescence maculaire liée à l'âge, la cataracte ou le glaucome. La vue trouble et la limitation du champ visuel rendent difficiles les activités quotidiennes et augmentent les risques de chute. Selon certaines études, plus de 80% des résidents en maison de retraite souffrent de déficience visuelle.

La surdité liée à l'âge

Avec l'avancée en âge, la presbyacousie provoque une perte auditive plus ou moins sévère, souvent associée à des acouphènes. Cela perturbe la communication et peut engendrer un repli sur soi. D'après des travaux scientifiques récents, près d'un tiers des plus de 65 ans et la moitié des plus de 85 ans présentent une déficience auditive invalidante.

Les conséquences des déficiences sensorielles sur l'autonomie

L'isolement social

L'isolement social

La déficience sensorielle entraîne souvent un repli sur soi et un isolement social chez la personne âgée. En effet, les troubles de l'audition et de la vision rendent plus difficile la communication avec l'entourage. De plus, les difficultés à se déplacer hors du domicile limitent les interactions sociales. Ainsi, près de 30% des personnes de plus de 60 ans souffrant de déficience visuelle modérée à sévère disent souffrir de solitude.

Les difficultés dans les gestes de la vie quotidienne

Les activités basiques du quotidien deviennent plus pénibles avec l'apparition de déficiences sensorielles. Se laver, s'habiller, cuisiner ou faire le ménage nécessitent une vigilance et une énergie accrues. Par exemple, éplucher des légumes ou lire une notice de médicament s'avèrent compliqués avec une mauvaise vision. De tels obstacles peuvent conduire à une perte progressive d'autonomie.

Les risques accrus de chutes et d'accidents domestiques

Les risques accrus de chutes et d'accidents domestiques

Le manque de repères visuels et auditifs augmente significativement les risques de chute à domicile, notamment la nuit. Selon une étude, 67% des personnes malvoyantes de plus de 65 ans chutent au moins une fois par an. Les brûlures et coupures sont aussi plus fréquentes lors de la préparation des repas. Ces accidents, parfois graves, contribuent à une perte d'autonomie.

Les solutions pour compenser les déficiences sensorielles

L'aménagement de l'environnement

Neutraliser les sources de gêne auditive ou visuelle permet d'améliorer le confort sensoriel. Des contrastes colorés sur les éléments du mobilier, des éclairages tamisés et des accessoires antireflets rendent l'environnement plus accueillant pour des sens affaiblis. La suppression des obstacles, l'installation de mains courantes, ou encore l'agencement adapté des objets du quotidien dans les pièces à vivre facilitent les déplacements et les gestes usuels.

Les aides techniques

Les lunettes, loupes et télescopes compensent certaines baisses de l'acuité visuelle. Les appareils auditifs amplifient et restituent les sons de manière intelligible. Les réveils et téléphones à gros boutons, écrans grossissants et claviers ergonomiques aident à lire l'heure et communiquer. Les détecteurs de fumée lumineux ou vibrants alertent sans solliciter l'ouïe.

La stimulation sensorielle

Pratiquer des exercices de stimulation cognitive, s'adonner à des activités manuelles sollicitant la dextérité, écouter de la musique ou se détendre dans une salle multisensorielle maintiennent les sens en éveil. Le fait de proposer des textures, odeurs, sons et couleurs variés permet de préserver les capacités sensorielles restantes. Les massages et soins apaisants agissent positivement sur le bien-être.

Le maintien de l'autonomie grâce aux substitutions sensorielles

La vue palliée par le toucher et l'ouïe

Avec l'âge, la vision se dégrade souvent de façon progressive. Les personnes âgées sont fréquemment confrontées à des troubles visuels tels que la cataracte, la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), le glaucome ou la rétinopathie diabétique. Ces pathologies entraînent une baisse de l'acuité visuelle, une réduction du champ de vision, des difficultés d'adaptation à l'obscurité ou encore une altération de la perception des couleurs et des contrastes. Face à ces déficiences, le toucher et l'ouïe peuvent pallier en partie la vue déclinante grâce à des aides techniques adaptées. L'utilisation d'une canne blanche permet de se repérer et de se déplacer de façon autonome. L'apprentissage du braille offre un accès continué à la lecture et à l'écriture. Des repères tactiles et sonores dans l'espace domestique sécurisent les déplacements à l'intérieur du logement. Ainsi, en stimulant les autres sens, il est possible de maintenir un certain degré d'autonomie malgré la déficience visuelle liée à l'avancée en âge.

L'ouïe palliée par la vue et le toucher

Avec les années qui passent, la capacité auditive a tendance à s'altérer. Les seniors sont souvent atteints de presbyacousie, une perte d'audition liée au vieillissement de l'oreille interne. Cette déficience auditive se manifeste par des difficultés à percevoir les sons aigus, une intolérance aux environnements bruyants ou encore des troubles de la compréhension. Pour pallier ce handicap, la vue et le toucher peuvent se substituer partiellement à l'ouïe déclinante. Le port de prothèses auditives amplifie les sons et améliore la discrimination. La lecture labiale permet de comprendre la parole d'un interlocuteur. Les SMS et emails utilisent l'écrit pour communiquer. Le langage des signes et la dactylologie exploitent la vision et les gestes pour s'exprimer. Ainsi, en stimulant la vue et le toucher, des solutions existent pour préserver un maximum d'autonomie malgré la perte auditive liée au vieillissement.

Le goût et l'odorat stimulés par le toucher et la vue

Avec l'avancée en âge, les sens chimiques que sont le goût et l'odorat ont tendance à s'émousser. La perception des saveurs et des arômes peut devenir limitée. Cette altération du gustatif et de l'olfactif est souvent associée à une baisse de l'appétit et à un risque de dénutrition. Pour maintenir le plaisir de manger et préserver une alimentation équilibrée, le toucher et la vue peuvent stimuler le goût et l'odorat. La présentation visuelle des plats met en appétit. Les textures en bouche procurées par la mastication activent les papilles gustatives. L'ajout d'épices et d'aromates exalte les arômes. Ainsi, en exploitant la vue et le toucher, il est possible de compenser en partie la perte de goût et d'odorat liée à l'âge et de préserver l'autonomie alimentaire le plus longtemps possible.


Les sens menacés, l'autonomie consolidée


Nos facultés sensorielles déclinantes pourraient bien se révéler dans leur imbrication. La vue qui faiblit retrouve acuité par l'ouïe aiguisée ; l'odorat émoussé resurgit aux effluves titillant le toucher.
Les déficiences sont certes handicapantes, mais les liens subtils entre nos sens ouvrent des perspectives insoupçonnées. Les substitutions sensorielles dessinent des voies nouvelles, où la stimulation globale ranime les perceptions assoupies.
Au crépuscule des sens répond l'aube d'une autonomie réinventée. Car nos facultés ne s'éteignent pas, elles se métamorphosent. Le maintien de notre indépendance passe par cette métamorphose, qui ouvre en nous des paysages sensoriels insoupçonnés.
Mais quelles résonances notre être profond fait-il vibrer, lorsque les sens se fondent et se confondent? C'est toute notre humanité qui se trouve interrogée.